vendredi 7 décembre 2012

Ma lecture n°3: L'enfant Océan

MOURLEVAT (J.-C.), "L'enfant Océan", Pocket Jeunesse, 1999
QUATRIÈME DE COUVERTURE

Une nuit, Yann réveille ses six frères aînés, tous jumeaux. Il faut fuir : leur père a menacé de les tuer. Irrésistiblement attirés par l'Océan, les sept enfants marchent vers l'Ouest.
De l'assistante sociale au routier qui les prend en stop, du gendarme alerté de leur disparition à la boulangère qui leur offre du pain, chacun nous raconte à sa façon un peu de leur incroyable équipée.




LA PREMIÈRE IMPRESSION

Alors, après avoir fait un rapide bilan, je me rends compte qu'on a trois livres de Mourlevat à avaler cette année... du coup, j'ai peuuuur ! Ben oui, si je n'aime pas le premier, vas-je vraiment avoir envie de lire les deux autres? Grosse pression. Il faut aussi avouer que je ne suis pas une grande fan de littérature de jeunesse, donc je ne suis pas vraiment impatiente. Pourtant... après avoir lu la quatrième de couverture, je me sens irrésistiblement attirée par les unpeuplusdecentcinquantepages que je tiens entre les mains ! Eh bien, dans ce cas... on se lance et on arrête les préjugés !

L'APRÈS LECTURE

Si quelqu'un me demandait de définir le terme "avis mitigé", ma réponse serait "L'enfant Océan". Je ne me souviens pas avoir déjà ressenti une telle incertitude à propos d'un autre roman. Tous les évènements et tous les personnages m'ont inspiré aussi bien de l'enthousiasme que de la déception !

- La référence plus que flagrante au conte "Le Petit Poucet" : Ce conte est l'un de mes préférés, d'où ma réjouissance à l'idée de le découvrir à travers la plume (ou plutôt, le clavier) d'un autre. Sur ce coup-là, très cher Jean-Claude, le contrat est rempli ! J'ai aimé le fait que les éléments principaux du Petit Poucet soient gardés et mis en valeur, tout en étant retranscrits à la sauce "21ème siècle". Par contre, un élément m'a gênée - un élément infime, certes - et troublée; pourquoi avoir parlé de la présence d'une pancarte "Chez Perrault" à l'entrée de la ferme des Doutreleau ? Certains diront que j'exagère, et c'est peut-être vrai, mais malheureusement, ce petit clin d'oeil était trop explicite pour moi, et il a suffi à me déconcentrer de toutes les autres jolies références subtilement intégrées.

- Les intervenants : Ils sont, pour moi, essentiels à l'histoire, tout simplement parce que je suis convaincue que je n'aurais pas accroché si le roman n'avait pas été polyphonique. Par contre, j'aurais aimé qu'il y ait plus d'opposants ! Ces 7 petits garçons avaient une vie horrible avec leurs parents, pourquoi, à peine sortis de chez eux, toutes les personnes présentes sur leur chemin seraient-elles généreuses, attentives et compréhensives ? Trop "idéal" pour moi, tout ça !

- Yann : Ce petit garçon m'a émue dès le début; intelligent mais puni à cause de ses bons résultats, vif et bavard mais muet, jeune mais plus mature que tous ses frères aînés,... Un petit bonhomme bien mystérieux qu'on a tout de suite envie de rassurer. Mais (parce que oui, évidemment, il y a un "mais")... à la découverte de la vraie raison de son désir de fuite, je le perçois comme égoïste d'un coup ! Alors d'accord, les chatons symbolisent les enfants, bla bla bla. N'empêche que quand il avoue à son frère pourquoi il l'a emmené (ainsi que les 5 autres) tout droit vers l'Océan à travers toutes ces péripéties, je ne l'aime plus du tout ! Il était mature, intelligent, rusé, et je le vois maintenant comme manipulateur. Bref, grosse déception.

PISTES PÉDAGOGIQUES

La première approche qui me vient en tête est, évidemment, de faire lire "L'enfant Océan" à des élèves dans le cadre d'une leçon sur le conte. Cela leur permettrait non seulement de prendre conscience que les contes, ce n'est pas juste Perrault, Grimm, etc., mais aussi de pouvoir comparer ces fameux inconditionnels qui ont bercé notre enfance (ainsi que celle de nos parents, grands-parents,...) à des contes plus récents, plus actuels.

Une seconde approche pourrait être le schéma actanciel. En effet, lui aussi est souvent enseigné lors de séquences sur le conte, donc encore une fois, une jolie façon de casser la routine du Petit Chaperon Rouge, de Barbe Bleue et de tous leurs camarades.

3 commentaires:

  1. Tu parles sans cesse des préjugés que tu as vis-à-vis de la littérature de jeunesse, explique-nous ce qui te dérange et sur quoi se basent ces maudits préjugés (et qu'on essaye de les déconstruire...) !
    Attention, une "comparaison" n'est pas toujours indispensable...

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  2. Mes préjugés quant à la littérature de jeunesse viennent tout simplement du fait que pour moi, un roman qui s'adresse en priorité aux jeunes a toujours une part moralisatrice et éducative. Quand je lis, ce n'est pas ce que je recherche, même s'il arrive que cette morale soit assez subtile et qu'elle m'interpelle, donc. Mais comme vous pourrez le constater au fil de mon carnet, les lectures que vous nous avez "imposées" contribuent petit à petit à la déconstruction de ces préjugés, pour mon plus grand bonheur !

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